AGENCE FRANCE-PRESSE
Lorsque le coureur cycliste érythréen Natnael Berhane a franchi la ligne d’arrivée du Tour de Turquie en mai 2013, il est entré dans l’histoire non seulement pour son pays mais aussi pour son continent. Âgé de 22 ans à peine, Natnael Berhane a remporté la première place après la disqualification du vainqueur pour dopage. Il est ainsi devenu le premier sportif d’un pays de l’Afrique sub-saharienne à remporter une compétition de cette catégorie.
Plusieurs passionnés de cyclisme vivant dans ce pays africain de la Corne de l’Afrique sont en train de se faire un nom dans ce sport. Ils révèlent ainsi une autre facette de l’Érythrée qui fait habituellement davantage la une pour des pratiques de répression brutale que pour ses athlètes de classe mondiale.
L’Érythrée offre un cadre d’entraînement idéal pour les coureurs cyclistes chevronnés, avec ses routes vertigineuses à flanc de falaise à couper le souffle qui descendent en pente raide depuis la capitale Asmara, située dans les hautes terres à 2.325 mètres d’altitude, sur un tronçon de 100 kilomètres aboutissant à la mer Rouge. Les groupes de jeunes gens qui s’attaquent chaque fin de semaine aux routes de haute altitude en compagnie des coureurs professionnels sont de plus en plus nombreux.
« Lorsque je participe à une course en Europe, le but est de faire connaître notre pays au monde entier », affirme le coureur cycliste professionnel Meron Russom, vêtu de l’équipement jaune vif de son équipe sud-africaine MTN Qhubeka avant une séance d’entraînement. « Nous redoublons d’efforts pour faire de l’Érythrée une grande nation sportive, spécialisée en particulier dans le cyclisme », ajoute ce champion élancé âgé de 26 ans, ancien vainqueur du Tour d’Érythrée, une course s’inspirant du Tour de France.
Les coureurs cyclistes de l’Érythrée qui participent à des compétitions se sont propulsés au premier plan ces dernières années, stimulés par un centre d’entraînement établi en Afrique du Sud par l’Union cycliste internationale en 2005.
La tradition du cyclisme en Érythrée remonte à plus d’un siècle, lorsque les Italiens ont introduit ce sport dans la région. Bien que l’Érythrée ait déjà accueilli des compétitions internationales, il a fallu attendre la fin des années 1940 pour que les Érythréens soient autorisés à concourir côte à côte avec leurs occupants italiens.
Aujourd’hui, le cyclisme fait partie intégrante de la vie quotidienne des Érythréens. En effet, les automobiles disputent aux vélos (le moyen de transport quotidien pour de nombreux citoyens) les routes de la capitale. Le pays est fier de compter six coureurs cyclistes professionnels participant à des compétitions internationales et plus de 650 cyclistes dans la fédération nationale de cyclisme.