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Un monstre de dessin animé éduque les enfants sur le Covid-19

PERSONNEL D’ADF

Lorsqu’il a eu des difficultés pour expliquer à son jeune garçon pourquoi il ne pouvait pas aller dehors pour jouer pendant la pandémie mondiale, le cinéaste nigérian Niyi Akinmolayan s’est tourné vers un outil puissant : l’animation.

Résultat : un dessin animé de 93 secondes qui présente Habeeb et Funke, jeunes enfants frère et sœur, et qui informe les enfants et leur famille au sujet de la menace du Covid-19 et de la façon de le combattre.

  1. Akinmolayan, qui avait mis en scène The Wedding Party 2, film le plus profitable de l’histoire du Nigeria, a déclaré à CNN Africa que c’est son fils âgé de 5 ans qui avait inspiré le projet.

« Vous ne voulez pas dire à votre enfant de ne pas sortir, mais vous ne voulez pas que votre enfant pense qu’il est puni pour quelque chose qu’il a fait, déclare le cinéaste. C’était vraiment difficile, jusqu’à ce que j’aie l’idée du monstre du coronavirus. »

Dans le film, le jeune Habeeb veut sortir pour aller jouer avec ses amis. Sa sœur Funke lui dit que le virus est dehors et qu’il pourrait le faire entrer, ce qui mettrait leurs parents en danger. Habeeb l’ignore, ouvre la porte et fait face à un monstre vert qui émet des grognements et qui a la forme du coronavirus.

« Il existe ! Il existe ! », hurle Habeeb, en claquant la porte. Funke explique qu’ils doivent rester à l’intérieur pour le moment et se laver les mains avec de l’eau et du savon.

Dans une deuxième vidéo, le message va plus loin : Funke et Habeeb enseignent à leur père de porter un masque facial et d’emporter un désinfectant pour les mains lorsqu’il sort de la maison.

Une étude publiée en mars dans le journal médical The Lancet a désigné le Nigeria comme l’un des cinq pays africains les plus vulnérables à la propagation du Covid-19.

« De façon générale, la campagne contre le Covid-19 au Nigeria n’a pas ciblé d’auditoire spécifique, aussi les messages consacrés aux enfants sont une bonne idée », déclare Olayinka Umar-Farouk, conseillère technique principale pour Breakthrough Action-Nigeria, basé à Abuja.

Comme le suggère le deuxième dessin animé de M. Akinmolayan concernant Funke et Habeeb, les enfants peuvent aussi influencer le comportement de leurs parents.

« Les enfants influencent énormément le comportement de leurs parents, en particulier lorsqu’ils font confiance à la source d’information », déclare Mme Umar-Farouk.

Elle félicite aussi M. Akinmolayan pour un message implicite qui permet à la vidéo d’aider à surmonter les divisions de la culture nigériane. Funke est un nom yoruba et Habeeb un nom haoussa.

Alors que le Nigeria allège le confinement dans les centres principaux de population tels qu’Abuja, Lagos et Ogun, les cas de Covid-19 commencent à présenter une forte tendance à la hausse.

Sans moyen évident d’obtenir un vaccin, l’éducation reste l’arme la plus puissante contre le virus, selon M. Akinmolayan.

« Et c’est ce que je souhaite faire », déclare-t-il.

Le dessin animé était la meilleure façon de raconter cette histoire parce que la production pouvait être réalisée dans des conditions de distanciation sociale, déclare M. Akinmolayan.

  1. Akinmolayan a produit la vidéo en anglais, ainsi qu’en yoruba, igbo, haoussa et kiswahili. Le but était d’augmenter la portée de la vidéo pour les spectateurs qui ne parlent pas l’anglais, en particulier les personnes âgées qui sont les plus menacées par le virus, de façon à combattre la désinformation.

Il a aussi encouragé d’autres producteurs à adapter la vidéo à leur propre auditoire. Il existe désormais une version française diffusée en Côte d’Ivoire, une version swahilie au Kenya et une version portugaise adaptée pour le Brésil.

« Pour moi, cela veut dire que le dessin animé est facilement traduisible », déclare M. Akinmolayan à CNN Africa. « Je suis vraiment fier que les caractères sont africains et que nous parlons au monde. »

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