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Le « Black Mamba » de Tanzanie

En 1978 pendant la guerre entre la Tanzanie et l’Ouganda, le brigadier-général tanzanien John Walden utilise le système radio de ses forces armées pour discuter des aptitudes des soldats cubains, israéliens, américains et mozambicains qui accompagnaient ses troupes.

Le président ougandais Idi Amin et ses officiers écoutent la transmission et sont pris de panique. Idi Amin contacte les Nations unies et l’Organisation de l’unité africaine pour se plaindre des interférences étrangères dans la guerre. C’est alors qu’Idi Amin apprend qu’il n’y a aucun autre pays qui soutient la Tanzanie : le général Walden a tout inventé, simplement pour tourmenter Idi Amin.

Ce simple stratagème fonctionne et Idi Amin subit une défaite sur la scène internationale. Il est victime de l’homme qui est connu aujourd’hui sous le nom de « Black Mamba ».

John Walden est né en 1939, d’un père blanc et d’une mère noire. Après avoir reçu son diplôme de fin d’études, il rejoint le King’s African Rifles, régiment colonial britannique d’Afrique de l’Est. Ses supérieurs se méfient initialement de lui parce que son père était administrateur dans le gouvernement britannique. Au début de sa carrière militaire, sa loyauté est remise en question.

Lorsque la Tanzanie gagne son indépendance, John Walden continue sa carrière militaire auprès du nouveau gouvernement. Il est considéré comme l’un des meilleurs tireurs du pays, mais il doit toujours affronter des doutes au sujet de sa race. Julius Nyerere, premier président de Tanzanie, parle à John Walden et dit au jeune soldat qu’il devra travailler plus dur que ses collègues pour avancer et surmonter leur méfiance. John Walden persévère et en 1963 il est promu de sergent au grade de sous-lieutenant.

Il surmonte toutes les idées fausses au sujet de sa loyauté. Au moment de la guerre entre l’Ouganda et la Tanzanie en 1978, ses supérieurs l’ont promu au grade de brigadier-général. Il commande la 207ème brigade des Forces de défense du peuple de Tanzanie.

Début 1979, sa mission consiste à éliminer une garnison dans les villes ougandaises de Katera et Masaka. Au lieu de faire avancer ses soldats sur les sentiers battus, il les emmène à travers un marécage, en file indienne dans des eaux profondes infestées de serpents et de crocodiles. Il perd le contact avec le quartier général pendant quelque temps parce que les radios tombent en panne.

Les soldats passent trois nuits dans les marécages et il reste avec eux pendant toute la marche. Les soldats se maquillent le visage de noir pour se camoufler. Ce faisant, John Walden reçoit le nom affectueux de « Black Mamba », sous lequel il est connu jusqu’à la fin de sa carrière. Par la suite, les collègues du général Walden appelleront la 207ème la « Brigade amphibie ».

La marche dans les marécages fonctionne bien. Malgré les 1.000 soldats libyens lourdement armés qui se sont joints aux Ougandais pour la bataille, John Walden et ses troupes triomphent. Le lieutenant-colonel Abdu Kisule, qui commande les troupes ougandaises, dira plus tard que la défaite à Masaka était le vrai moment charnière de la guerre.

Quelques semaines plus tard, les soldats tanzaniens attaquent Kampala, la capitale de l’Ouganda, et le général Walden et ses troupes capturent la résidence d’Idi Amin. Ce dernier s’enfuit du pays et la brigade du général Walden est affectée à l’occupation de Kampala. La guerre est essentiellement terminée. Deux ans plus tard, John Walden organise le retrait de toutes les forces tanzaniennes de l’Ouganda.

John Walden termine sa carrière avec le grade de major-général. Il mène à bien l’une de ses dernières missions en 1989 lorsque des braconniers déciment la population d’éléphants du pays. Il dirige l’opération à grande échelle Operesheni Uhai (Opération Vie), qui cible les braconniers et les syndicats du crime organisé engagés dans le trafic de l’ivoire. Il aime rester avec ses soldats et on peut le voir parcourir fréquemment la brousse, armé de son pistolet Colt de calibre 45.

L’opération conduit à l’arrestation de plus de 2.000 personnes et à la confiscation de 10.000 armes à feu. À ce moment-là, la population d’éléphants du pays avait baissé de 300.000 à 55.000.

Le Black Mamba prend sa retraite peu après la fin de cette opération. Il est décédé en 2002.

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