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Pour certains, la réponse auto-immune pourrait être à la base du Covid long

PERSONNEL D’ADF

25 % environ des personnes infectées par Covid développent tout un éventail de symptômes que les experts de la santé appellent le « Covid long ».

Le Covid long englobe plusieurs problèmes de santé, notamment la fatigue, les troubles cardiaques et de circulation sanguine, les difficultés pour penser clairement (ce qui s’appelle « obnubilation »), les vertiges et autres.

Une nouvelle recherche suggère que, chez certains, le Covid long a beaucoup en commun avec les troubles auto-immunes chroniques tels que le lupus et pourrait nécessiter une approche similaire pour être traité.

Il semblerait que le point crucial pour les problèmes de Covid long est le fait que, dans les cas aigus, les anticorps produits pour lutter contre l’infection font volte-face et attaquent le corps.

« Nous savons maintenant que, chez les patients souffrant d’un cas grave de Covid-19, un grand nombre d’anticorps responsables pour neutraliser la menace virale ciblent en même temps leurs propres organes et tissus », a écrit récemment Matthew Woodruff de l’université Emory dans The Conversation.

Ces anticorps autodirigés, appelés aussi « auto-anticorps », peuvent persister pendant des mois ou même des années. Certains auto-anticorps attaquent le système immunitaire proprement dit alors que d’autres attaquent des tissus spécifiques tels que le cerveau, le cœur ou les vaisseaux sanguins.

En conséquence, les chercheurs soupçonnent que les auto-anticorps pourraient être à l’origine des petits caillots de sang (« micro-caillots ») qui se forment chez les personnes souffrant de symptômes de Covid long, écrit le Dr Woodruff. Ils peuvent aussi « arrêter » des composantes clés des défenses du corps contre les infections virales.

En général, plus l’infection est grave, plus il est probable que le patient développe les conditions qui produisent le Covid long.

Une étude de 52 personnes souffrant de Covid auxquelles ont été administrés des soins intensifs a découvert que plus de la moitié d’entre elles avaient développé des anticorps associés aux troubles auto-immunes, bien qu’elles n’aient pas souffert de maladie auto-immune.

Certains ont produit seulement un type d’auto-anticorps, mais d’autres ont produit jusqu’à sept types différents.

Parmi ceux souffrant d’un niveau très élevé d’inflammation du corps, plus des deux tiers présentent des indications que leur système immunitaire produit des anticorps qui attaquent leurs propres organes. Les réponses auto-immunes sont toujours actives jusqu’à deux semaines après la fin de l’infection de Covid.

Ces résultats sont similaires à la réponse que certaines des premières victimes de Covid ont éprouvée lorsque leur système immunitaire a réagi à l’infection et commencé à attaquer les autres systèmes de leur corps, dans ce que les scientifiques appellent un choc cytokinique.

Au début de la pandémie, les médecins ont découvert que la dexaméthasone, corticoïde aisément disponible, pouvait réduire l’impact de ces chocs en supprimant l’action du système immunitaire chez les personnes qui la prennent.

Ceci pourrait faire de la dexaméthasone un traitement efficace pour les gens qui souffrent d’un cas grave de Covid long, selon le Dr Woodruff.

Une étude récente publiée dans l’European Respiratory Journal indique que 41 % des ex-patients de Covid ont toujours des auto-anticorps dans le sang, jusqu’à un an après leur rétablissement.

Le Dr Manali Mukherjee, professeur adjoint de médecine à l’université McMaster du Canada et auteur de l’étude, déclare que ses chercheurs contacteront à nouveau les patients de l’étude deux ans après leur rétablissement pour déterminer s’ils ont développé des maladies auto-immunes indentifiables.

Le professeur Mukherjee souffre toujours du Covid long un an après s’être rétablie de sa propre infection.

Elle déclare à NBC News : « Il y aura un sous-groupe de patients qui finiront par être diagnostiqués pour le reste de leur vie. ».

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