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La Chine identifie la complexité des prêts comme obstacle à l’annulation des dettes

PERSONNEL D’ADF

La Zambie est le plus récent pays d’Afrique à avoir demandé directement à la Chine un allègement de sa dette, alors que l’économie du pays s’effondre sous la pression financière exacerbée par la pandémie du Covid-19.

Le président zambien Edgar Lungu a demandé au président chinois Xi Jinping à la fin juillet « un allègement et une annulation de certaines dettes » lors d’une conversation téléphonique.

Il n’y a aucune indication que M. Jinping va satisfaire à la demande, selon un reportage du journal The East African.L’approbation de cette demande aiderait la nation d’Afrique australe à stabiliser son économie tout en libérant des ressources pour combattre le virus mortel qui a infecté plus de 6.300 Zambiens et tué 170 en date du 3 août.

Les leaders chinois ont déclaré que les dettes africaines étaient trop complexes pour que le pays communiste offre une annulation totale des dettes. Ils préfèrent plutôt des négociations individuelles avec les pays débiteurs.

Il est généralement estimé que la pandémie mondiale est apparue à la fin de l’an dernier dans un marché humide chinois. Le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) s’était aussi manifesté dans un marché humide chinois en 2003.

La Chine est de loin la première source de financement bilatéral de l’Afrique et la dette de la Zambie à l’égard de Pékin s’élève à 6,4 milliards de dollars. Puisque le remboursement du prêt chinois à la Zambie pour construire le barrage de Kafulafuta de 500 millions de dollars cette année avait été retardé, la Chine a suspendu les travaux sur ce projet, selon The East African.

Les emprunts chinois ont été décrits comme étant « prédateurs » et sont très répandus sur le continent, tout comme les demandes d’allègement des dettes associées.

En juillet, une cour d’appel kényane décida qu’un contrat de 3,2 milliards de dollars pour construire le Standard Gauge Railway était illégal. Si le Kenya manque de rembourser le prêt massif lié au chemin de fer, il pourrait perdre le port lucratif de Mombasa. Ce port est le plus grand d’Afrique de l’Est et un point d’entrée vers le Kenya, le Burundi, la République démocratique du Congo, le Soudan du Sud et l’Ouganda.

Depuis 2013, cette nation d’Afrique de l’Est a accepté des prêts chinois à la hauteur de 5 milliards de dollars pour la construction du chemin de fer. Les conditions des prêts spécifient que l’actif du port n’est pas protégé par l’immunité souveraine du Kenya, à cause d’une clause de renonciation dans le contrat. Les dettes impayées pourraient aussi forcer le Kenya à permettre à la Chine d’obtenir le contrôle du terminal conteneur intérieur à Nairobi, la capitale du pays.

Le Kenya affirme qu’il doit se concentrer sur la santé de ses habitants au lieu de sa dette envers la Chine. Plus de 22.000 Kényans ont été infectés par le Covid-19 et 369 en sont morts en date du 3 août.

L’Angola est le premier bénéficiaire africain des prêts chinois, ayant reçu 43 milliards de dollars entre 2000 et 2017. À la fin de l’an dernier, l’Angola devait à la Chine 22,4 milliards de dollars, dont les deux cinquièmes étaient liés à des prêts sécurisés par le pétrole.

En juin, l’Angola a réduit la quantité de pétrole qu’elle expédiait en Chine dans l’espoir de renégocier les conditions de prêt. Elle espère maintenant offrir à la Chine une participation dans six champs de pétrole pour obtenir un plus grand allègement de sa dette, selon The Africa Report. Près de 1.200 personnes ont été infectées par le Covid-19 dans cet état du Sud-Ouest de l’Afrique, et près de 60 en sont mortes en date du 3 août.

Des mesures d’allègement des dettes pour plus de 25 pays africains ont été approuvées fun juillet par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, le G20, la Banque africaine de développement et tous les créanciers du Club de Paris. Ces mesures offriraient plus de 20 milliards de dollars pour que les gouvernements renforcent leurs services de santé.

Quatre pays africains seulement (le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie et le Sénégal) ont demandé une telle assistance, selon un reportage de Quartz Africa. Les autres pays ont refusé de faire demande par peur d’être punis par les créanciers existants, tels que la Chine, les investisseurs potentiels et les organismes de notation.

La Chine a annoncé un allègement des dettes dérivées des prêts sans intérêt, mais pas celles provenant des prêts à risque élevé ou des énormes prêts associés à son initiative de la Nouvelle route de la soie. Selon le site Web The Diplomat, les prêts sans intérêt représentent moins de 5 % de la valeur totale des emprunts chinois.

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