Africa Defense Forum

Des inventeurs se servent de la pandémie mondiale comme source d’inspiration

PERSONNEL D’ADF

Ezedin Kamil, étudiant éthiopien âgé de 18 ans dans la ville rurale de Welkite, a l’esprit plein d’idées et les aptitudes nécessaires pour les concrétiser.

Il a conçu une trentaine d’inventions, et un peu moins de la moitié ont été brevetées par Save Ideas, organisme sans but lucratif qui travaille en Éthiopie et au Nigeria pour aider les créateurs à protéger leur propriété intellectuelle. M. Kamil a inventé une alarme qui avertit les gens lorsqu’ils sont sur le point de se toucher le visage, ce qui est une façon courante de propager le Covid-19. Il a aussi conçu des applis de téléphone intelligent et autre technologie.

Jusqu’à présent, l’invention de M. Kamil qui a eu le plus grand succès est un distributeur de savon sans contact qui est équipé d’un capteur électronique et aussi d’une pédale, pour qu’il puisse fonctionner en cas de panne de courant. Jusqu’à présent, l’université et les hôpitaux locaux ont produit 50 distributeurs de M. Kamil pour l’usage du public.

« La majorité des problèmes africains nécessitent des solutions essentiellement africaines ou des solutions conçues pour les Africains », déclare Wale Adeosun, PDG de la société Wellvis du Nigeria (plateforme d’informations de santé en ligne), au Forum économique mondial. La société de M. Adeosun a créé un outil de triage pour le Covid-19. Cet outil en ligne gratuit aide les utilisateurs à autoévaluer leur catégorie de risque lié au virus en fonction des symptômes et de l’historique d’exposition.

En utilisant des imprimantes 3D, des applis de téléphone intelligent et même une aiguille et du fil, M. Kamil et d’autres inventeurs du continent qui partagent la même vision ont créé des solutions locales aux problèmes causés par la propagation de Covid-19.

  • Au Maroc, Droneway Maroc utilise des drones pour désinfecter les lieux publics dans tout le pays.
  • Au Sénégal, des étudiants de l’école supérieure polytechnique de Dakar ont développé « Docteur Car », un petit robot qui peut mesurer la tension artérielle et la température des patients à distance.
  • Au Zimbabwe, Quickfresh connecte les clients en ligne avec les marchands d’aliments pour éviter les marchés de plein air.

Au Bénin, Sèmè City est un site financé par le gouvernement pour soutenir les innovateurs et les startups.

« Les gens visitent Sèmè City pour chercher des collègues potentiels, une formation ou un soutien », déclare Claude Borna, directeur de Sèmè City, à AFP. « Les jeunes ont souvent beaucoup d’idées mais ils manquent de structure et de soutien. »

Avec l’utilisation généralisée des téléphones intelligents en Afrique, les applis sont devenues des méthodes clés pour que les créateurs concrétisent leurs idées. Au Kenya, la monnaie numérique, qui est de plus en plus populaire, comparé à la monnaie de papier, a aidé à réduire la propagation du virus dans les marchés. L’appli B’SAFE du Botswana est l’une de plusieurs applis développées sur le continent pour suivre à la trace les gens exposés au Covid-19. B’SAFE crée des codes QR, ou codes-barres, pour les personnes et les entreprises, afin de tracer l’exposition au Covid-19 et avertir les autres utilisateurs de l’appli. Les codes QR sont aussi à la base de l’appli sud-africaine du Cov-ID qui suit les mouvements des utilisateurs.

Ibrahima Gueye, professeure associée à l’école polytechnique de Thiès, déclare que l’étendue de la pandémie a dynamisé et focalisé l’esprit créatif des Africains.

« C’était certainement un catalyseur mais elle a surtout aidé à révéler ces travaux », déclare Mme Gueye à ADF. « L’ampleur de la pandémie a suscité un intérêt partout, et tout travail utile pour combattre le Covid-19 est mis en relief. »

L’Afrique bénéficie de multiples façons de sa jeune population, déclare Mme Gueye.

« En effet, l’énergie et la “témérité” des jeunes signifient qu’ils ne se limitent pas, et surtout qu’ils n’ont pas d’idées reçues ou de complexes. Les jeunes sont bien branchés au reste du monde sur le Web. Ils ont accès gratuitement à une excellente documentation, ils sont actifs dans les sites de créateurs et d’autres sites similaires. En outre, ils ont du temps et souhaitent démontrer ce dont ils sont capables. »

En Éthiopie, M. Kamil est un exemple des activités des jeunes Africains créateurs. Lorsqu’il apprit que l’Éthiopie avait seulement quelques centaines de respirateurs pour traiter les patients du Covid-19, il s’est mis à construire le sien. Il a trouvé des plans en ligne et a développé une conception contrôlée par un téléphone portable.

« Lorsque j’ai appris la carence mondiale et le prix élevé des respirateurs, j’ai pensé à les fabriquer moi-même », déclare M. Kamil à Deutsche Welle. « L’Éthiopie importait ces machines auparavant, mais je ne pensais pas que les pays étrangers nous aideraient cette fois. »

L’avenir, déclare Mme Gueye, dépend des leaders africains qui saisiront l’opportunité des innovations et de la créativité de leur peuple.

« Cette flambée est l’un des tournants qu’il ne faut pas rater, déclare Mme Gueye. Ses effets doivent durer et se décupler. Cela permettrait à l’Afrique de produire finalement et de résoudre quelques-uns de ses propres problèmes par elle-même, mais surtout de générer des revenus et créer des emplois. »

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