Africa Defense Forum

Les Kényans combattent la désinformation alors que le virus se propage

PERSONNEL D’ADF

La désinformation sur le Covid-19 empêche les Kényans de faire tout leur possible pour enrayer la propagation mortelle du virus.

Selon une étude récente sur les habitants de 20 pays africains, y compris le Kenya, plus de 58 % des gens pensent que la maladie peut être évitée en buvant du jus de citron et en prenant de la vitamine C ; près de 54 % pensent que le climat chaud peut empêcher le virus de se propager ; et environ 20 % se cramponnent à l’idée que les populations à la peau foncée ne peuvent pas être infectées. Rien de cela n’est vrai.

Cette étude mentionnée dans un article du journal kényan Standard montre aussi que 62 % pensent que la maladie provoquée par le nouveau coronavirus pourrait affecter leur pays, mais seulement 44 % la considèrent comme une menace personnelle. En date de la mi-juillet, le Covid-19 avait infecté près de 10.800 Kényans et tué près de 200, selon les Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies.

L’activiste kényan Nelson Kwaje, 28 ans, est l’un de ceux qui s’efforcent de combattre la transmission des fausses informations sur le Covid-19.

  1. Kwaje, qui dirige une équipe du numérique à #defyhatenow (organisme qui atténue aussi les discours haineux sur les réseaux sociaux), a récemment déclaré à Al Jazeera qu’il a dû réfuter les notions selon lesquelles la consommation des oignons bouillis, du thé sans sucre ou de l’alcool pouvait protéger les gens contre le virus.

« Il existe aussi une désinformation concernant les directives gouvernementales et les annonces publiques, déclare-t-il. Cela pourrait simplement concerner des gens qui ne comprennent pas ou qui interprètent mal la directive. »

Il est probable que Mike Sonko, gouverneur de Nairobi, a contribué aux fausses informations sur l’alcool lorsqu’il a participé à une interview télévisée lors de la livraison de nourriture aux gens pauvres.

« Nous donnons de petites bouteilles de [cognac] Hennessy dans les rations alimentaires ; c’est ce que nous devrions donner aux gens », a-t-il déclaré dans le clip vidéo circulé à grande échelle.  « Les recherches conduites par l’Organisation mondiale de la santé [OMS] révèlent que l’alcool joue un rôle majeur pour éradiquer le coronavirus ou tous les types de virus. »

Lorsque Citizen TV du Kenya afficha l’interview sur Twitter, elle nota que l’OMS ne recommandait pas de boire de l’alcool pour prévenir le Covid-19. L’organisation exhorte en fait les gens à utiliser un désinfectant à base d’alcool pour les mains, ou à se laver les mains fréquemment avec de l’eau et du savon.

  1. Kwaje déclare que son organisation essaie de ne pas « propager la désinformation ».

« Nous voulons soumettre les informations nuisibles au “fact checking” mais nous formons aussi les utilisateurs en ligne pour qu’ils décèlent la désinformation, pour qu’ils aient l’esprit critique et qu’ils questionnent les choses », déclare-t-il.

Maureen Akinyi fait de son mieux pour combattre la désinformation en tant que bénévole auprès de la Croix-Rouge du Kenya. Cette femme de 33 ans, qui est propriétaire d’une petite boutique de vêtements, fait depuis 7 ans du bénévolat avec l’organisation. Après la confirmation du premier cas positif de Covid-19 au Kenya le 12 mars, elle a commencé à circuler dans les rues affairées de Nairobi pour démontrer les techniques de lavage des mains et pour expliquer la distanciation sociale.

« J’adore rendre à ma communauté, déclare-t-elle à Al Jazeera. Je ne peux pas le faire avec de l’argent, mais je peux faire don de mes services. »

Timothy Olweny, directeur du Centre médical Evans Sunrise à Nakuru, écrit dans le quotidien Daily Nation du Kenya que « l’aplatissement de la courbe de la désinformation » est aussi important que « l’aplatissement de la courbe de la contagion » des infections de Covid-19.

Il déclare que les gens doivent considérer les informations relatives au Covid-19 avec une certaine « dose de scepticisme, en faisant une pause critique pour en vérifier la source et l’auteur, puis en évaluant la justesse des informations avant de les transmettre aux autres ».

Il demande aux plateformes de réseaux sociaux d’interdire les contenus qui vont à l’encontre des « informations fiables sur la santé publique ».

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