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Les activistes de la RDC affrontent la désinformation sur la maladie

PERSONNEL D’ADF

C’est un spectacle familier dans de nombreux marchés de Kinshasa, vaste capitale de la République démocratique du Congo (RDC) : de jeunes hommes portant une tenue blanche de protection parlent à qui veut bien les entendre, en distribuant des masques faciaux et des dépliants contenant des informations sur la façon de stopper la propagation du Covid-19.

Ce sont des activistes des organisations de jeunes telles que Lucha et Filimbi, engagées à promouvoir la démocratie et la société civile en RDC.

Dans leur mission de lutte contre un ennemi à deux têtes (maladie extrêmement contagieuse et désinformation qui facilite sa propagation), ces activistes sont passés d’une épidémie à l’autre.

« Le Covid-19 est une maladie qui se transmet par contact, tout simplement. Sans contact, il n’y a pas de contamination. Tout comme l’Ebola », déclare Katson Maliro dans un reportage de télévision américain de PBS NewsHour. M. Maliro avait travaillé pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS) afin de contenir l’Ebola, en informant et sensibilisant directement les élèves d’école et les gens dans les marchés affairés.

« À mesure que le nombre de cas positifs d’Ebola baissait, la communauté commençait à nous faire confiance. Nous leur avons dit : “C’est bon, vous avez suivi nos mesures de prévention et maintenant vous pouvez voir que la maladie s’éloigne de votre village.” C’était un grand moment d’allégresse. La lutte contre l’Ebola a aidé la communauté à comprendre que nous pouvions aussi combattre d’autres maladies, simplement en nous lavant les mains. »

La RDC avait enregistré 8.163 cas positifs de Covid-19 et 192 décès en date du 15 juillet, mais une lacune importante des tests de dépistage indique que les données officielles n’ont pas beaucoup de valeur.

Les responsables ont conduit moins de 5.000 tests en avril et en mai, ce qui suscite le scepticisme de la part des 84 millions d’habitants de la RDC.

Les rumeurs foisonnent : beaucoup de gens refusent de porter un masque, de pratiquer la distanciation sociale, ou même de croire que le Covid-19 existe en RDC.

« Il est certain que cette maladie existe chez nous dans la RDC », a déclaré le ministre de la Santé Eteni Longondo sur Radio Okapi. « Il ne faut pas en douter. … Comme disent les autres, je ne peux pas inventer les cas de maladie au Congo. Je suis ministre de la Santé et je dois protéger la santé des Congolais. La population ne doit pas se fier à ce que l’on dit sur les réseaux sociaux. »

Le premier cas de Covid-19 dans le pays a fourni un exemple regrettable de la raison pour laquelle il y a si peu de confiance de la part du public.

  1. Longondo avait annoncé le 10 mars que le patient était un ressortissant belge qui était venu à Kinshasa pour une courte visite. Un jour plus tard, il a été révélé que le patient était en fait un ressortissant congolais qui vivait en France et qui était arrivé à Kinshasa le 8 mars. Le patient avait aussi nié qu’il était malade.

Des informations fiables sur la santé, les initiatives et les interventions sont extrêmement difficiles à cause du manque de confiance des Congolais dans les autorités.

L’origine de cette suspicion remonte à 2016 lorsque le président Joseph Kabila avait été accusé par ses opposants d’avoir reporté les élections nationales afin de rester au pouvoir. L’administration Kabila avait annulé le vote dans les provinces frappées par l’Ebola, ce qui conduisit à la violence généralisée et le massacre de douzaines de manifestants par la police.

Plus de deux ans plus tard en janvier 2019, la RDC connut la première transition pacifique de pouvoir depuis son indépendance, lorsque Félix Tshisekedi fut assermenté comme président.

  1. Tshisekedi prit le contrôle de la réponse nationale à l’Ebola au plus fort de la suspicion publique. Des douzaines de professionnels des soins de santé avaient été tués dans des centaines d’attaques durant la 10ème épidémie d’Ebola de la RDC. Le nouveau président voyagea dans tout le pays en parlant directement aux gens, dont beaucoup dans les vastes provinces rurales de l’Est avaient refusé d’être vaccinés contre l’Ebola.

« Ce n’est pas une maladie imaginaire », dit-il à une foule dans la ville de Beni, après s’être lavé les mains et avoir pris sa température, selon Reuters. « Si nous suivons les instructions, l’Ebola prendra fin dans deux ou trois mois. »

La réponse à l’Ebola a réellement pris un tournant en 2019, lorsque les responsables ont multiplié leurs efforts d’engagement dans les communautés. Les activistes locaux, les groupes de jeunes et les professionnels des organisations ont éduqué et responsabilisé les gens pour soutenir les initiatives de santé publique.

Aujourd’hui, un grand nombre de leçons peuvent être tirées de la lutte contre l’Ebola. Elles font écho à la réponse au Covid-19 parce qu’il y a des activistes, des groupes de jeunes et des groupes de missionnaires qui s’efforcent d’éduquer le public dans les cours des écoles et dans les marchés bondés.

« Notre expérience avec l’Ebola nous a beaucoup aidés », déclare Emmanuel Bofoe, qui travaille pour une organisation de sensibilisation catholique appelée Caritas. « Les mesures visant à arrêter la propagation du Covid-19 sont similaires à celles de l’Ebola, mais l’accent est mis sur le port du masque, le confinement et la distanciation sociale. »

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