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Le Covid-19 a pour origine le commerce des animaux exotiques

PERSONNEL D’ADF

Une vendeuse de crevettes de 57 ans dans un marché humide de Wuhan (Chine) avait commencé à penser qu’elle avait pris froid. C’était en fait l’une des premières personnes infectées en décembre 2019 par le SARS-CoV-2, virus qui provoque le Covid-19.

Les médecins déclarent que sa maladie était « brutale », et qu’elle n’était pas la seule. Environ deux douzaines de personnes ayant des liens avec ce marché de gros de fruits de mer de Huanan se sont révélées positives lors de tests de dépistage du Covid-19, selon The Economic Times, un journal indien. Ces infections indiquent que le marché humide est une source.

Dans le marché humide affairé de Wuhan, et dans d’autres marchés similaires du monde entier, les animaux vivants sont mis dans des cages et des enclos, ce qui permet aux pathogènes et aux fluides corporels de couler d’un conteneur à l’autre. Les animaux sont abattus, dépecés, emballés et vendus dans ces marchés, souvent dans des conditions peu sanitaires.

« Ce n’était pas du tout une surprise, et je pense qu’un grand nombre de scientifiques n’ont pas été surpris », déclare à Vox le Dr Peter Li, professeur associé de l’Université de Houston-Downtown et expert du commerce chinois des animaux. « Les cages sont empilées les unes sur les autres. Les animaux qui se trouvent en bas sont souvent trempés par toutes sortes de liquide : les excréments, le pus, le sang, tous les liquides qu’ils reçoivent des animaux de dessus. »

Le Covid-19 est une maladie zoonotique, qui a pour origine les animaux ou les insectes et qui est transmise à partir de ceux-ci. De telles maladies sont provoquées par les bactéries, les champignons, les parasites et les virus. D’autres exemples de ces maladies incluent l’Ebola, que l’on pense provenir des chauves-souris, et le VIH, qui a pour origine les chimpanzés. Le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), d’origine chinoise, et le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), identifié pour la première fois en Arabie saoudite. Tous les deux pourraient avoir une origine chez les chauves-souris.

Les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies estiment que plus de 6 maladies infectieuses sur 10 sont zoonotiques : elles peuvent être transmises aux personnes par les animaux. 3 maladies infectieuses émergentes sur 4 sont zoonotiques. Pour le Covid-19, les chauves-souris sont très probablement responsables. Les chercheurs explorent aussi le rôle éventuel que les pangolins, une espèce menacée, pourraient avoir joué dans la propagation de la maladie chez les humains.

En 2003, le SRAS avait émergé dans un marché humide similaire de Chine et s’était propagé dans 29 pays avant de se résorber, selon Vox. Près de 800 personnes avaient trouvé la mort à cause du SRAS. Le Covid-19 s’est répandu dans 213 pays et territoires et, en date du 20 mai, a causé la mort de près de 325.000 personnes dans le monde entier.

Les marchés humides chinois offrent couramment des animaux sauvages et domestiques, en vertu d’une décision gouvernementale des années 70. À l’époque, des millions de Chinois mouraient de faim, car le pays ne pouvait pas produire suffisamment de nourriture pour sa population croissante. Le gouvernement avait donc relâché quelque peu son contrôle de la production alimentaire et avait autorisé l’élevage privé des animaux sauvages.

Certains éleveurs de campagne ont commencé à attraper et élever des animaux sauvages tels que les serpents et les tortues, comme nourriture. On pensait que, si les gens pouvaient se nourrir eux-mêmes, cela serait préférable pour le pays. Cette pratique fournissait aussi un camouflage pour le commerce illégal des animaux, alors qu’un nombre croissant d’espèces exotiques étaient amenées en Chine par contrebande. En 2016, la Chine a autorisé l’élevage des animaux menacés tels que les pangolins et les tigres. Il a été prouvé que les pangolins possèdent des virus semblables à celui qui provoque le Covid-19. « L’industrie a promu ces animaux sauvages comme produits toniques, pour le bodybuilding, l’amélioration de la vie sexuelle et, bien entendu, la lutte contre les maladies, déclare le Dr Li. Aucune de ces allégations n’est justifiée. »

Après le début de l’épidémie du Covid-19, la Chine a annoncé qu’elle fermerait ses marchés humides et interdirait à nouveau le commerce des animaux sauvages. Des groupes du monde entier ont exhorté la Chine à rendre l’interdiction permanente. Toutefois, la Chine a rouvert les marchés humides dans tout le pays en avril et a même nié qu’elle avait de tels marchés.

L’Assemblée nationale populaire de Chine a promulgué de nouvelles mesures vers la fin mars, pour limiter le commerce de la faune sauvage, interdire la consommation de la viande de brousse et la vente des animaux sauvages pour leur chair dans les marchés humides, jusqu’à ce que la Loi sur la protection de la faune sauvage soit modifiée et adoptée, selon The Guardian. Mais cela ne concerne pas les opérations d’élevage pour la médecine chinoise traditionnelle et pour la fourrure et le cuir, activités que l’on sait promouvoir le braconnage dans le monde entier, et en particulier en Afrique.

LE TRAFIC DE LA FAUNE SAUVAGE ET LES MARCHÉS D’ANIMAUX VIVANTS :

MENACES ET SOLUTIONS

Aucun commerce ou consommation associé à la faune sauvage n’est sans risque.

  1. LES MENACES À LA BIODIVERSITÉ

Le trafic de la faune sauvage détruit les habitats naturels et force les humains et les animaux à être rapprochés.

  1. LA FAUNE SAUVAGE ET LES MARCHÉS

Les marchés d’animaux vivants sont une source majeure de nouveaux virus et il est probable que le Covid-19 provient d’un tel marché.

  1. UNE INTERDICTION PERMANENTE

L’interdiction des marchés de faune sauvage protège les animaux victimes du braconnage jusqu’à ce qu’ils soient sur le point de disparaître, pour la nourriture exotique, les faux médicaments et la domestication.

  1. ARRÊTEZ LE TRAFIC

Les pays doivent arrêter le trafic des animaux sauvages au sein de leurs frontières et d’un pays à l’autre, et changer la consommation dangereuse de la faune sauvage, en particulier dans les villes.

Sources : Global Wildlife Conservation et Wildlife Conservation Society

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